Je me questionne
Tu as des doutes sur ta relation ou celle d’une proche. Il n’est pas toujours facile d’y voir clair, voici quelques exemples qui pourront t’orienter.
La violence
Est-ce que mon couple est normal?
Pourquoi est-ce toujours ma faute? Est-ce que c’est de la violence? Peut-être que tu t’es déjà posé l’une de ces questions. Sache que tu n’es pas seule.
La violence conjugale peut se présenter dans tous les types de relations intimes, du mariage à la simple fréquentation, et à tous les âges. Elle n’a pas de frontières ou de classes sociales. C’est un ensemble de comportements récurrents qu’une personne adopte au quotidien dans le but de dominer dans la relation intime et d’obtenir des avantages et des privilèges au détriment de l’autre partenaire ou de l’ex-partenaire.
La violence conjugale est une domination par le contrôle et le partenaire violent est prêt à utiliser différentes formes de violence pour s’assurer de conserver son pouvoir sur l’autre.
La violence conjugale peut être présente dans tous les types de relations et peu importe l’identité de genre. Cependant, étant donné que 80 % des victimes de violence conjugale au Canada sont des femmes, et que pour la majorité de ces cas l’auteur de violence est un partenaire masculin, nous faisons le choix d’utiliser des exemples et de traiter le sujet sous l’angle d’une femme victime d’un homme. Mais il est important de mentionner que peu importe le modèle de relation, la violence conjugale s’exerce de la même manière.
Les différents types de violence peuvent à la fois cohabiter et s’entremêler.
C’est une variation de l’intensité dans le ton et l’intonation de la voix qui envoie un message clair à la victime. Que le partenaire crie, chuchote ou applique le traitement du silence, l’objectif est le même. Que la victime se conforme.
- « Parfois, il m’ignorait pendant 2 jours, sans que je sache pourquoi. »
- « Pendant un souper entre amis, il m’a chuchoté à l’oreille : “je sais que tu veux te taper le gars, tu n’arrêtes pas de le regarder, t’es juste une salope.” »
- « Quand il se fâche, il crie tellement fort, même si je lui demande de baisser le ton, il ne m’écoute pas, ça me gêne, je suis sûre que les voisins entendent. »
C’est une forme de violence difficile à détecter, pourtant, elle est omniprésente. L’auteur de violence l’utilise de manière insidieuse, pour créer le doute chez la victime, il s’attaque à son estime, à ses capacités personnelles ainsi qu’à sa dignité.
- « Chaque dispute ou difficulté qu’on a, ça finit toujours par être ma faute. »
- « Mon ex me disait souvent que j’étais folle, que j’imaginais des affaires, que je devais aller consulter. »
- « C’est comme si je ne faisais jamais rien de bien, même quand je crois être bonne dans quelque chose, ce n’est jamais assez pour lui. »
- « Mon chum me fait parfois des commentaires blessants, lorsque je lui en parle, il me répond que c’était juste des blagues et que je prends tout personnel. »
C’est l’utilisation malveillante des différentes technologies dans le but de nuire ou de contrôler la victime. Comme la surveillance, le harcèlement en ligne ou la diffusion de contenus intimes sans le consentement.
- « Il me dit que si je n’ai rien à cacher, ça ne devrait pas me déranger de lui donner mes mots de passe. »
- « Mon partenaire lit mes courriels et mes textos personnels, parfois sans me le demander. »
- « Mon chum m’envoie des textos et m’appelle constamment. Même si je suis au travail ou à l’école, je dois lui répondre, sinon il se fâche. »
- « J’ai découvert que mon ex suivait mes déplacements avec une application qu’il avait installée dans mon cellulaire. »
Forme de violence qui utilise la force physique pour dominer la victime, pour intimider ou dissuader. Cela peut être des comportements avec contact ou sans contact physique.
- « Mon chum ne m’a jamais frappé, mais quand on se chicane, ça lui arrive de frapper dans les murs, lancer des objets ou briser des choses. »
- « Mon partenaire m’a déjà pris à la gorge. »
- « Il m’a empêchée d’aller consulter un médecin, même si j’étais très malade et souffrante. »
C’est l’utilisation des croyances religieuses ou spirituelles de manière abusive pour contrôler la victime. C’est parfois imposer ses propres croyances et pratiques, ridiculiser celles de l’autre ou empêcher l’autre de pratiquer.
- « Chaque fois que je parle de mes croyances, il rit de moi. »
- « Lorsque je voulais aller à l’église, il me traitait de conne. »
- « Il me dit souvent que je dois lui obéir parce que Dieu en a voulu ainsi. »
- « Avec mon ex, je devais toujours porter des vêtements longs, couvrir mes bras et mes jambes, sinon il me disait que j’avais l’air d’une salope. »
C’est un type de violence parfois difficile à nommer puisque cela touche l’intimité et qu’il existe plusieurs tabous. Implique tout geste qui n’a pas été consenti, avec ou sans contact physique.
- « Ça doit toujours me tenter lorsque lui ça lui tente, si je n’accepte pas, il boude et m’ignore totalement pendant des jours. »
- « Mon chum me dit que si je n’accepte pas de faire certaines pratiques sexuelles, il va trouver quelqu’un d’autre qui accepte. »
- « Sans me le demander, il a envoyé des images et des photos de nos rapports intimes à un de ses amis. »
- « Je pensais que parce qu’on était un couple, ce n’était pas un viol, j’avais tort. »
C’est une forme de violence qui, principalement, réduit l’autonomie de la victime et qui souvent la contraint à demeurer dans la relation. Ça peut prendre la forme du contrôle entier des finances ou, au contraire, l’obligation de s’endetter pour faire vivre ou répondre aux besoins du partenaire violent.
- « Même si j’ai un travail, il gère mes comptes et mon budget, je dois toujours lui demander pour acheter quelque chose. Souvent, cela finit en dispute, il me traite d’égoïste. »
- « Il prend ma carte de crédit sans me le demander, il a même demandé une augmentation de ma limite de crédit en imitant ma signature. »
- « J’ai dû prendre un prêt pour lui à mon nom, parce qu’il n’avait pas de crédit, il m’a dit qu’il allait me rembourser chaque mois, mais il ne l’a jamais fait. »
- « J’ai abandonné un emploi parfait pour moi parce qu’il n’aimait pas que je travaille avec des hommes. »
- « Il m’obligeait à prendre les mêmes congés que lui, même si moi je n’avais pas de congés payés. À la fin du mois, je n’arrivais pas financièrement. »
La violence sociale se manifeste par l’isolement de la victime dans différents domaines de sa vie et/ou par la détérioration de son image.
- « J’ai perdu plusieurs emplois à cause de lui. »
- « Quand je n’étais pas là, il disait à mes amies et ma famille que je n’allais pas bien, qu’il essayait de m’aider, mais que je ne voulais rien entendre. »
- « Je ne parle plus à mon frère parce qu’il ne s’entend pas bien avec lui. »
- « À chaque fois que je voulais voir ma meilleure amie, on se chicanait ou il trouvait une raison pour me faire annuler. »
La violence conjugale ne cesse pas nécessairement lorsque les partenaires se séparent, souvent l’auteur de violence modifie ses comportements violents en fonction de la situation.
- « Lorsque je dénonçais ses comportements violents envers moi et les enfants aux intervenants sociaux, mon ex m’accusait de faire de l’aliénation parentale. »
- « Je sais qu’il fait exprès pour faire trainer les procédures judiciaires. »
- « Quand on se voit pour s’échanger les enfants, il utilise ce moment pour me poser des questions sur ma vie personnelle, mes fréquentations et quand je veux partir, il me retient. »
- « Il m’accuse d’avoir brisé la famille. »
Le contrôle
Comprendre les aspects insidieux de la violence
Pour bien comprendre les aspects insidieux de la violence conjugale, nous devons parler du contrôle dans les relations intimes.
En effet, lorsqu’il y a présence d’une dynamique de contrôle entre deux partenaires et que l’un impose son pouvoir en brimant les droits fondamentaux de l’autre comme la liberté, la dignité et la sécurité, on parle de contrôle coercitif.
Le contrôle coercitif se déroule au quotidien, c’est un ensemble de stratégies répétitives, certaines violentes et d’autres pas, qui force directement ou indirectement une personne à l’obéissance. L’accumulation de ces stratégies permet à l’auteur de violence d’augmenter son emprise sur sa partenaire. Dans cette dynamique de contrôle, on retrouve plusieurs manifestations de violence qui sont parfois plus subtiles.
La manipulation
La jalousie
Le chantage émotionnel*
L’isolement
Le détournement cognitif (Gaslighting**)
Les fausses gentillesses
Les critiques
La surveillance constante
* Il s’agit d’une forme de contrôle qui utilise la culpabilité et la peur pour faire chanter l’autre. C’est mettre sa partenaire face à un dilemme tout en s’assurant que la culpabilité ou la peur s’empare d’elle si elle ne fait pas ce qu’on lui demande.
** C’est une technique de violence psychologique qui consiste à « mentir ou semer le doute dans les perceptions de l’autre ». Ce sont des manipulations au quotidien qui déforment la réalité de la victime et l’amènent à douter d’elle-même et de ses perceptions.
Être privée de ses libertés
- Être brîmée dans son droit à la sécurité, à la liberté et à la vie
- Nuire ou couper l’accès à des ressources financières, sociales, de santé, etc.
Se sentir surveillée au quotidien (microrégulation)
- Avoir l’impression de devoir se conformer à des règles: générales, spécifiques, implicites
Manifestations de contrôle et de violence
Usage de stratégies dans le but de nuire
Manifestations de violence (économique, physique, psychologique, etc.)
L’accumulation de ces comportements fait en sorte qu’avec le temps, les victimes se sentent tellement prises au piège que l’usage de la violence physique n’est même plus nécessaire. En ce sens, le contrôle coercitif tente d’écarter le mythe de « la femme battue », la violence conjugale n’est pas que de la violence qui se voit ou s’entend. C’est une dynamique qui se ressent, s’éprouve et qui imprègne les victimes.
Faire la différence entre une chicane de couple et la violence conjugale
Quand on se chicane, comment mon partenaire réagit-il? Est-ce qu’il me fait porter le blâme? Est-ce qu’il me fait sentir comme si j’étais stupide ou ridicule? Est-ce que je crains de m’exprimer dans ma relation? Est-ce que mon partenaire se justifie et a toujours une bonne raison pour expliquer ses comportements violents?
La violence et le contrôle dans une relation, ce n’est pas un simple problème de communication ou une chicane de couple.
Dans une chicane de couple
Tu te sens:
- Ton partenaire cherche comme toi la solution à votre conflit, vos arguments sont clairs et en lien avec le sujet.
- Vous pouvez tous les deux faire valoir votre point de vue.
- Vous vous disputez sur un sujet en particulier, un sujet qui peut parfois revenir, mais la personne ne cherche pas n’importe quel prétexte pour générer un conflit.
- Malgré le désaccord, vous êtes sur un même pied d’égalité.
- Même si vous avez des opinions différentes, tu peux t’exprimer librement et dire ton opinion, sans craindre ses réactions.
- La personne qui déclenche la chicane peut lâcher prise plus facilement.
- De part et d’autre, vous êtes amenés à faire certains compromis.
Dans une chicane de couple où il y a dynamique de contrôle
Tu sens que:
Ton partenaire ne vous considère pas comme étant égaux.
Tu sens que tu pourrais entrainer des conséquences si tu partages ton opinion sur le sujet.
Tu crains les réactions de ton partenaire.
Tu marches continuellement sur des œufs.
Peu importe ce que tu dis et/ou ce que tu fais, le conflit éclate quand même.
Ton partenaire te manque de respect lors de vos échanges.
Lorsqu’il y a des débordements (agressivité, formes de violence), l’autre a toujours des excuses pour ses agissements.
N’oublie pas qu’être en désaccord est normal, mais être violent, ne l’est pas.
Reconnaitre les signes précurseurs
Les relations abusives débutent de la même manière que les relations saines, mais certains indicateurs permettent d’identifier les personnes potentiellement contrôlantes.
« Mon ex est folle, c’est sa faute si j’ai perdu la garde de mes enfants, elle a fait de fausses accusations de violence conjugale.
La personne blâme quelque chose ou quelqu’un d’autre pour tous les aspects négatifs de sa vie. « J’ai perdu mon job parce que mon boss est incompétent. » « Je ne parle plus à ma famille parce qu’elle ne se soucie pas de moi. » « Ce n’est pas ma faute, j’étais fatigué. » « Ce n’est pas ma faute, je vis beaucoup de stress. » S’il a une excuse pour tout, il en aura aussi une avec toi.
« Écoute-la pas, la politique, c’est pas trop sa force! » « C’est sûr que t’es plus grosse que mon ex, mais ça dérange pas. Ça se perd facilement quelques livres en trop! » Et si tu exprimes ton malaise, il justifie et/ou te culpabilise. « Voyons, c’est juste une joke! Tu prends tout personnel! »
N’aime pas que tu aies des ami(es), veut vérifier tes courriels/textos/appels/. Se justifie parce qu’il s’est fait tromper dans le passé ou « x » raison…. Parfois, les comportements de surveillance peuvent paraitre comme de la protection au début : vient te voir à ton travail, insiste pour t’appeler en appel vidéo, veut que tu l’appelles en finissant le travail. « Quand je sors avec mon chum, je suis vraiment nerveuse. Dès que quelqu’un croise mon regard, j’ai peur. Je sais jamais s’il va se mettre à engueuler le monde. »
Ramène toujours la conversation à lui, monopolise les conversations sur sa personne, ses projets, ses anecdotes. Souvent, ses besoins passent en premier devant ceux de sa partenaire et parfois, même ceux de ses enfants. « Dès que je parle d’une chose qui me concerne, il ramène la conversation à lui et parle de ses expériences à lui. »
Vous vous fréquentez depuis peu de temps et il te parle d’emménager avec lui ou il fait des projets d’avenir (enfants, maison) sans avoir pris le temps de bien te connaitre ou même sans t’avoir consulté. Tu ressens même une pression directe ou indirecte pour t’engager avec lui. « Ça faisait 3 mois qu’on était ensemble et déjà, il avait emménagé chez moi. Quand il me l’a demandé, j’ai hésité, alors il m’a dit : “Tu m’aimes pas c’est ça, tu doutes de notre relation!” Je n’ai pas vraiment pu dire non. »
La consommation de substances n’est pas ce qui cause les comportements violents chez une personne. Toutefois, elle peut les amplifier. Il est suggéré d’observer la fréquence et la quantité de la consommation. «
Il analyse une situation de différentes façons selon s’il s’agit de ses comportements ou de ceux des autres. « Quand c’est lui, c’est jamais la même affaire. Quand je lui fais remarquer que c’est pas juste, il me dit qu’on peut pas comparer des pommes et des oranges. » « Tous les soirs, il boit deux ou trois bières. Quand je me sers un verre de vin occasionnel, il m’accuse d’être alcoolique. »
Il croit aux rôles traditionnels entre hommes et femmes. « Les hommes travaillent pour ramener l’argent et les femmes, leur job c’est de s’occuper de la maison, des repas et des enfants. » « Ton amie, c’est pas une vraie femme, elle s’occupe pas bien de son mari. »
Quand vous êtes devant d’autres personnes, il se montre attentionné, respectueux et aimable, mais, lorsque vous êtes seuls, il change complètement de personnalité. Ou le contraire, il est correct avec toi et en présence de ses amis il te prend comme bouc émissaire.
Attention, ce n’est pas parce qu’une personne possède l’un de ces comportements qu’elle est nécessairement violente. Ce sont toutefois des indices sérieux à prendre en considération. Si la personne possède plusieurs de ces comportements, il faut prendre le temps de se questionner.
Si tu as des doutes, n’hésite pas à communiquer avec nous au 819 326-1321